22 janvier 2025

L’hommage #1: Wrath of Kings, la French-touch chez Cmon

Le systeme de Wrath of Kings

L’originalité de Wrath of Kings ne se limite pas à son identité visuelle, car son système comporte plusieurs idées novatrices. Le jeu peut aller de l’escarmouche à la bataille rangée, avec d’une grosse dizaine à quarante figurines par camp. L’activation se fait par alternance, et les affrontements suivent plusieurs formats-type qui vont déterminer l’ampleur de l’affrontement. Les règles sont simples et faciles à assimiler (9 pages) sans que le jeu pêche dans sa densité, car c’est par les nombreuses compétences spéciales de vos troupes que les affrontements seront résolus.

Chaque figurine du jeu est classée dans trois catégories: les leaders, les troupes et les spécialistes, à qui l’on assigne un rang (de 1 à 3, par échelle croissante de puissance). Et cette classification est vitale: Lors de son activation, chaque figurine peut effectuer un mouvement et une action (attaque, compétence spéciale, etc…). Sauf que les leaders permettent d’activer simultanément plusieurs figurines partageant le même trait autours d’eux, afin qu’elles puissent attaquer simultanément et ne laisser aucune chance de réplique aux forces adverses. Les spécialistes remplissent quand à eux un rôle précis (de la puissance de frappe brute au soutien, en passant par la manipulation du terrain) et s’activent seuls. De plus, parmi vos leaders, l’un sera désigné commandant et donnera sa capacité spéciale à l’ensemble des forces de votre armée, et ce même s’il décède en cours de partie.

Ce mécanisme d’activation a d’autant plus d’importance que la victoire est déterminée par un système original de moral: Chaque armée possède au début de la partie un certain score de moral (1 points de moral pour 3 figurines dans votre composition). Pour l’emporter, un joueur doit posséder à la fin de la partie un score de moral supérieur à celui de son adversaire, et tuer trois figurines revient donc à faire baisser ce score d’un point. Non seulement cela influence la composition d’armée (choisir une armée populeuse avec un score de moral élevé, mais où les troupes sont plus faibles, partir sur une composition d’élite mais au score de moral initial faible), mais surtout, cette mécanique de moral s’agence parfaitement avec les missions de chaque joueur: Au début d’une partie, chaque joueur choisit une mission parmi les 6 accessibles à sa faction, et cette mission va déterminer les moyens supplémentaires qu’aura le joueur pour gagner du moral et en faire perdre à son adversaire, au delà de l’élimination des figurines. Ces missions vont de l’assassinat à l’escorte, en passant par la destruction d’objectifs. Wrath of Kings s’est ainsi doté d’un astucieux système de victoire qui garantit que les parties diffèrent fondamentalement dans leur structure, sans que le système de règle soit complexifié et que la table rase soit le seul objectif.

Les attaques sont résolues par des D10. Chaque unité possède sa propre charte de défense, qui indique ce que les chiffres obtenus via les dés infligeront comme résultat. De nombreuses compétences permettent de modifier cette charte, si bien que ce système simple permet de résoudre rapidement les dégâts, et de mitiger au mieux le hasard.

Mes quelques parties de Wrath of Kings furent un plaisir, et force est de constater que son système avait été très bien pensé. Au dehors de ma propre expérience, les critiques furent positives quand aux règles, et Wrath of Kings mérite d’être qualifié, en tant que jeu, de succès.

Une vie marquée par des problèmes d’édition

Dés le début, le discours mis en avant par Cmon concernant Wrath of Kings fut assez ambivalent. Soyons clair, lancer un jeux de figurines est un projet de long terme, nécessitant un soutien constant de l’éditeur, un investissement en temps et finances d’une communauté de joueur soudée (ce qui passe par les boutiques physiques), et des sorties régulières, au risque de voir justement cette communauté abandonner petit à petit le jeu. Wrath of Kings semblait plutôt bien parti, par le succès de son Kickstarter et l’investissement visible de Cmon dans son nouveau projet (ex: peinture de toutes les figurines par des peintres de talent, diversité des poses, etc…). Le livret de règle proposé durant la campagne Ks proposa une vingtaine de références par faction, dont seule une partie était accessible durant le KS, et où le reste serait amené à être commercialisé par les circuits traditionnels en même temps que les premières références.

Rising Conflicts, le nouveau chapitre de WK

Le premier test pour Wrath of Kings allait être la livraison du Kickstarter, et ce fut un test passé avec succès. Le plastique allait s’avérer d’une qualité convaincante et les sculptures détaillées, bien qu’inégales. Pour ce qui est du jeu, les gens purent le découvrir, et l’apprécier. Quand aux tarifs proposés, ils restaient relativement abordables par rapports aux standards du jeu de figurine (70 dollars pour un starter de faction qui donnait accès à une armée de belle taille). Les problèmes commencèrent lorsqu’il fallu développer les références non-sorties, et faire vivre le jeu. Cmon mis beaucoup de temps à développer ces références alternatives, mais surtout à commercialiser le jeu via des boutiques. Les années 2014, 2015 et 2016 furent marqués par des problèmes récurrents de distribution, de retard (parfois de plusieurs mois) sur les sorties, et un manque général de disponibilité. Ces problèmes nuirent au développement du jeu et entachèrent l’engouement des fans, d’autant plus que la communication de Cmon se voulait pour le moins floue: Personne n’avait idée de ce qu’il adviendrait du jeu une fois toutes les références du livre de base développées, Cmon se bornant à répéter qu’ils soutiendraient le jeu, sans donner davantage de précisions. Cette com, couplée aux problèmes d’approvisionnement firent dire à certains que l’éditeur comptait abandonner le jeu, et le pessimisme d’empara des forums dédiés. Dans ces conditions, difficile d’attirer de nouveaux joueurs. Pour ce qui est de la France, aucune distribution organisée et traduction (autre qu’amateur) ne furent jamais envisagé, le jeu ayant déjà suffisamment de soucis outre-Atlantique.

Cependant, L’espoir refit surface lors de la Gencon 2016, où Cmon fit de nombreuses annonces sur le jeu: Un nouveau livre intitulé Rising Conflit développerait le background et introduirait de nouvelles références pour chaque faction. En parallèle, un starter set 2 joueurs serait lancé, et l’équipe du jeu s’engageait à résoudre au plus vite les problèmes de distribution. Hors, même s’il est alléchant sur le papier, ce renouveau de Wrath of Kings fut incomplet. Bien que toutes les références introduites dans Rising Conflicts furent commercialisées et que la promo du jeu s’accentua (semaine dédiée sur BeastsofWar, etc…), les problèmes de distribution ne s’arrêtèrent jamais. Pire, ils s’accentuèrent, atteignant parfois plus de 6 mois de retard pour certaines références. Le jeu s’auto-saborda par son incapacité à être correctement distribué. Les fans retombèrent dans le pessimisme malgré les discours de l’équipe de développement et la commercialisation des références de Rising Conflicts. Au final, l’annonce du développement par Cmon de The Song Of Ice and Fire, le jeu de figurine en 2017 acheva pour de bons les espoirs des derniers optimistes. Sans confirmation officielle, Wrath of Kings fut abandonné et l’entièreté des stocks disponibles vendu à Miniature Market, où la gamme fut soldée à 70%.

Au final, que retenir de Wrath of Kings? On peut certes regretter les errements de son éditeur quand au développement du jeu, mais rien ne garantit forcément que même avec une bonne gestion, le jeu aurait été un succès. Le secteur du jeu de figurines est complexe, contesté, et une telle direction artistique peut rebuter. Cette originalité extrême des concepts se payait parfois dans les figurines, avec certaines sculptures sublimes, et d’autres étant clairement ratées. Il n’empêche que j’aurais adoré voir cet univers se poursuivre, évoluer dans de nouvelles directions, et voir d’autres factions apparaître! On ne peut que saluer le fait qu’un éditeur ait entrepris ce pari risqué, et ait donné carte blanche à des équipes talentueuses, qui innovèrent tant d’un point de vue esthétique que du gameplay. Même s’il est peu probable que Wrath of Kings réapparaisse un jour, j’espère que des game designer s’inspireront des apports de ce jeu, et qu’Edouard Guiton s’attellera de nouveau à la direction artistique d’un jeu de figurine.

Certaines des toutes dernières sorties du jeu

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Sources images article: Cool Mini or Not, Edouard Guiton, Kickstarter

Alc3d-6

-a la manie d'enfermer ses amis dans sa cave pour des soirées jeux

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